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A bâtons rompus : aparté de circonstance.

 

Sans mobile série 1

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                 Vendredi 27 octobre 2015

Petit aparté à bâtons rompus…

Hier je chaussai mes bottes (un vieux françois aurait contrepèté : "je bottai mes chausses") pour aller battre la campagne avec mon chien (imaginaire vu qu'aucun animal du genre n'est accrédité d'un laissez-passer, de quelque laissez-entrer et encore moins d'un entrez-faites-comme-chez-vous permanent et autorisé dans mon antre). Et ne voilà-t-il pas qu'au moment où je m'apprêtai à pousser du bout de mon bâton une feuille morte susceptible d'abriter un spécimen prometteur au parfum mycélien incontestable, je m'aperçu, à mon grand dam, que le dit bâton brillait par son absence ! Bâton de berger – non comestible celui-là, l'autre se trouvant bien dans mon havresac pour le casse-croûte de dix heures – ou baston prêt à impressionner les indésirables, c'est selon, mais dans le moment présent tout à fait inefficace puisque inexistant. Un procureur de mes relations (fictif comme mon chien) me susurra à l'oreille qu'une condamnation exemplaire à l'encontre du manque de savoir vivre consécutif à une absence incontestablement volontaire (un procureur n'hésite pas à forcer le trait pour enfoncer l'accusé) de l'instrument normalement indispensable au soutien d'une personne de ma valeur aux qualités insoupçonnées et néanmoins réelles (flagornerie… cependant bien vu!) mais au pas hésitant d'un néo-vieillard (là, il tombe dans mon estime) scrofuleux (ça va pas, non! Pourquoi pas cacochyme tant qu'on y est?) et perclus de rhumatismes (pure invention) serait appliquée… par contumace : procès où, de plus, l'absence de l'accusé accentue le pensum.

Mais vous connaissez ma grandeur d'âme, moi qui n'ai pas encore, mais cela ne saurait tarder, mon bâton de maréchal. Sans bâton ni canne, qu'importe, je ne pouvais en vouloir à ce bois inerte dont le seul défaut ressemblait plutôt au manque de prévoyance de son propriétaire. Bien sûr un tel oublie en période de conflit armé aurait généré un retour de bâton inévitable sur la personne du petit caporal rêvassant de sa belle au fond de la tranchée au moment où le capitaine donne l'ordre de monter à l'assaut… les mains vides. Rien pour riposter et le sort du pauvre poilu imprévoyant est scellé.

Mais, basta ! Je n'étais en rien sous la férule de quelque garde-chiourme aux airs de cerbère impitoyable, droit dans mes bottes (tiens, il me semble avoir déjà entendu la formule), au diable la trique oubliée; d'un pied repoussée, la feuille dévoila un vulgaire clitocybe anisé sans aucun intérêt… quoique la spécificité du spécimen éveilla une certaine nostalgie d'un passé apéritif aux accents récurrents.

Deux kilomètres et une plombe plus loin, une badine de fortune et de substitution, arrachée sous la contrainte au pied d'un saule, sous le bras, un talus au coussin de fougères accueilli mon séant, mon havresac et… non, pas mon bâton et vous savez pourquoi ! L'heure du berger – pas l'anisé mais celui du bâton – sonnait la halte qu'une baguette de campagne accompagna ainsi qu'un doigt (ou peut-être deux, ma mémoire défaille, le procureur avait peut-être raison) de revenez-y.

Le lieu était propice, la fougère, la tiédeur, l'ombrage environnant et sans doute l'excédent de nectar eurent raison de ma personne qui sombra derechef dans un assoupissement total et instantané peuplé de cauchemars subliminaux où le baston était roi. Monté sur mon fougueux destrier (vous en connaissez, vous, des destriers qui ne soient fougueux?), un fouet dans la main dextre, une cravache dans la senestre, je m'élançais entre deux allées de mille vierges brandissant mille verges et chargeais au galop une horde de combattants informes équipés de piques, matraques et massues qui devaient m'anéantir. Dans un dernier éclair et simultanément un pieu me traversa le cœur et un gros coup de gourdin me fendit le crâne… et me réveilla en sursaut.

Bon, la chute de mon histoire est classique et vous vous y attendiez… mais sans doute moins que l'écureuil que vous supposiez tout là-haut au fait du pin en train de décortiquer une pigne dont les écailles atteignaient en dégât collatéral mon occiput dégarni. Tout faux, vous avez tout faux. Point de pin ni d'écureuil… étant à l'abri d'un chêne. Et un gland, un tout petit gland, grillé par le soleil, un peu isolé sans doute tout au bout d'une ramille, fatigué de porter sa misère hautaine – pardon, emporté par un souvenir littéraire  je m'égare, de Heredia m'en est témoin – fatigué de devoir seul assumer une garde sans objet, décida sans concertation avec ses congénères trop éloignés pour vraiment l'entendre, de sacrifier à la loi de Newton et se laissa tomber subitement pour atterrir, je vous le donne en mille, dan le creux de mon oreille droite (la gauche étant enfouie douillettement dans le tapis de fougères). Ce fut pour moi et pour la partie de mon anatomie atteinte, un choc soudain que ma membrane tympanique (droite, donc) enregistra en vacarme assourdissant pour le transmettre au marteau qui répercuta l'explosion à l'enclume, cette dernière le transmit à l'étrier (rien à voir avec le destrier fougueux précédemment monté) qui illico le confia pour s'en débarrasser aux nerfs vestibulaire et cochléaire pour atteindre mon cerveau soudain surpris et effaré avant de s'évacuer sans tambour ni trompette par la trompe d'Eustache !

Là, en sus des nombreuses déjà fermées, j'ouvre une nouvelle parenthèse pour vous convier à me remercier de ce cours magistral et gratuit sur l'anatomie auriculaire. Cours que je vous invite à lire, relire et retenir pour la prochaine interrogation écrite qui aura lieu samedi prochain à la faculté de médecine de votre circonscription dans la salle de conférence du deuxième étage, aile droite du bâtiment, dernière porte à gauche au fond du couloir à dix heures trente GMT. Tout retard sera éliminatoire. Carte d'identité obligatoire, passeport et autorisation de séjour pour les étrangers, portables interdits ou remis avant l'entrée au surveillant de service.

Mais revenons à notre bâton, à ma sieste interrompue brusquement et au comique de situation du moment. Pourquoi comique? Eh bien, tout simplement par la présence de l'écureuil que vous aviez situé inconsidérément à la verticale de ma position. S'il n'était à cet endroit et ne pouvait donc être accusé du bombardement qui me frappa à ce moment là, du moins manifesta-t-il sa présence sur la branche d'un pin situé à dix pas et me regardait d'un air étonné qui ressemblait fort à ce que l'on peut apparenter à une expression goguenarde ou ironique… mais sans doute n'étai-ce qu'une vue de mon esprit encore mal éveillé et sous le choc impromptu du missile que la nature me décerna sans préavis.

Sans demander mon reste et sans laisser de restes – je suis tout de même aussi bien éduqué et même mieux, je le dis sans ambages et avec conviction, que tout écologiste patenté qui crie haut et fort son indignation sur le comportement répréhensible des autres tout en laissant derrière lui ses immondices – je pris la route du retour (sans mon chien) avec ma badine pour retrouver sans surprise mon bâton qui manifesta dans un silence bruyant le plaisir de me retrouver.

Ainsi fini la badinerie.

Pol Is berger grec

P.S.

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